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Maurice Journet

2005

maurice-journetAprès une vie aventureuse passée à courir le monde, Maurice Journet est revenu en son pays natal trébéen. De sa rêveuse jeunesse il a gardé le goût des idées fortes et anticonformistes, mais il a en lui un paysan d’Aude au solide bon sens. Cet octogénaire est d’une verdeur de langage qui fait que plane sur sa personne  le souffle chaud du passé. 

La poésie n’est pas pour lui un rempart contre le monde, mais bien une arme contre ce même monde. Son recueil de poèmes édité à la Maison Rhodanienne est un bel exemple de cette langue sophistiquée, au charme un peu désuet de la vieille France. 

Ce charmant monsieur féru de fleurs de rhétorique nous fait le grand honneur de nous offrir deux de ses  poèmes pour les pages de ce site.

            La prière du troubadour

 

J’ai pleuré de Circé la flamme trop ardente.

Je n’étais pas Valmont, venant du pays d’Oc

Le pays bien connu d’une race innocente:

Le malheur d’une dame en son île ou son roc

Plus que tout la tourmente

 

Mais voici quelle plonge et pour moi seul ondule.

Fille de dieu sans père, elle aime Jupiter

Fût-il ce vil amant que son coeur dissimule

Et lui jetant deux seins gonflés comme la mer

Gifle l’idole nulle.

 

Saurai-je ramener la fillette aberrante

Accolée à ma barque en route vers le port?

O soulever le monde, exploit qui seul me tente!

Nous sommes deux, rappelle-toi, contre la mort:

Serai-je ton atlante

 

           Les Cammazes

 

J’en connais un qui verra Carcassonne

Du haut du mont où mugit l’oliphant

Et celui-là sera-ce moi, l’enfant

De ce pays qui sous mon pas ressonne?

 

Va-t-il revoir la plus ardente plaine

Où paraît bleue une Gaule vaincue

Depuis que Rome y traça l’Avenue

Qu’elle nomme Route Flaminienne?

 

Prompt à ramper ainsi qu’une vipère

Sentant le lait , un sinueux chemin

Sombre arpenteur au bord d’un fier ravin

Va m’introduire au plus vieux nid d’Ibèrees.

 

J’en connais un , au bout de la rigole,

Qui dardera, parvenu près du but,

Un regard dur sur l’éternel début:

Le lieu natif que jamais ne s’envole

 

L’homme des bois qui jamais ne blasphème

Oui, celui-là que je connais si bien

Redevenu le simple paroissien

Qui sera-t-il: un parent ou moi-même? 

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