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Archives des mots-clés : René Diédrich

René Diedrich

Janvier 2012

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« Hier c’est déjà de l’histoire » cette évidence que René Diédrich aime à rappeler, résume à elle seule le leitmotiv qui a guidé tout au long de sa vie  son besoin de recueillir et conserver précieusement tout objet du passé. Avec une vie empreinte d’un profond attachement à Trèbes , aux Trébéens et à leur histoire, il est sans nul doute détenteur d’une grande part de la mémoire de la ville et de ses habitants.

Né, 4ème enfant d’une fratrie de 5, dans une petite chambre de la place du Prioulet au cœur du village,  il est arrière petit fils d’un carrier qui extrayait la pierre à Monze à l’explosif, petit fils de Gaston Ferret viticulteur et cafetier  et fils de cheminot.
Alors qu’il usait ses fonds de culottes sur les bancs de l’école du centre ville, René s’est spontanément mis à tout garder… tout objet marqué avait à ses yeux son importance : vieux journaux, articles, publicités, boites d’allumettes, jusqu’à l’écusson des gymnastes locaux de l’époque. Il ramassait tout, triait et classait et rangeait dans un carton … son trésor à lui.

En parallèle de ses années collège dans les bâtiments préfabriqués qui se situaient sur l’emplacement de l’actuel centre de loisirs, cet intérêt pour tout ce qui représente le passé était toujours présent et allait même en s’accentuant puisqu’il en faisait alors la recherche. Il savait qu’à la suite de décès  les familles se débarrassaient d’énormément de choses et les décharges sauvages devenaient pour lui de véritables mines où il trouvait cartes postales, photos de communions ou d’écoles, factures d’entreprises anciennes, actes notariés… une multitude d’éléments qui reflètent la vie d’antan.

Puis vient sa vie d’homme et il sera représentant chez Renault durant 10 ans. L’étape suivante de son parcours professionnel en 1985 va le rapprocher plus encore des Trébéens puisqu’il entre dans l’équipe de la police municipale sous les ordres du Chef de Poste André Villac et il exercera cette fonction durant 24 ans. Au fil du temps il a rencontré quasiment tous les habitants du vieux village auxquels il a demandé documents, vieux journaux,  cartes postales… qui ont enrichi ses archives.

Même si les papiers et autres objets conservés concernent une multitude de thèmes, tout est classé et organisé. Paul Portet qui avait effectué de nombreux travaux de recherches historiques connaissait l’existence des trésors de René et faisait souvent appel à lui. C’est donc tout naturellement que notre collectionneur passionné a fait partie du  bureau de la Société d’Etudes Historiques à sa création. Dans le tout 1er bulletin édité par cette association René a présenté la chronologie des élus de notre commune de 1500 jusqu’à Jean Sol prédécesseur de Pierre Mauries  et Claude Banis. Pour chaque nouvelle édition, il travaille durant de long mois attaché à rédiger des articles d’une grande exactitude. Pour cette tâche là il rend hommage à l’aide précieuse que lui apporte Bernard Castans, autre passionné du passé. Pour ces bulletins, René a tout particulièrement aimé son travail sur la gare de Trèbes, même s’il a conservé la frustration de ne pas arriver à mettre la main sur les plans de constructions.  Depuis 24 ans il a fouillé de nombreux sujets. Même si la tâche est de plus en plus difficile, il sait qu’il y a encore matière à relater aux Trébéens le passé de leur ville.

Les archives de René, sont la mémoire de l’évolution des modes de vie des Trébéens. Nous nous sommes arrêtés  sur ses classeurs renfermant factures, courriers et autres documents qui révèlent entre autres, des éléments du fonctionnement des 7 tuileries et briqueteries qui existaient sur la commune… un thème qui le passionne.

Comme pour tout collectionneur, chaque trouvaille est un bonheur et dans les vide-greniers qu’il arpente dès qu’il le peut tôt le matin, il fait de nombreuses et heureuses découvertes comme ce registre des associations de Trèbes dans les années 40.

Si vous avez dans vos greniers des documents anciens, vous rendriez René très heureux en les lui confiant, il saura en être le précieux gardien.

Nous pourrions encore écrire des pages et des pages d’anecdotes et passionnantes histoires tant cet homme généreux et sincère aime à partager ses connaissances. En tout cas nous lui adressons un profond merci pour sa patience et sa disponibilité lorsque nous nous le sollicitons.

 

Les Souvenirs de Mado : Trèbes Terre d’Accueil

Recueillis par René Diédrich

Ses souvenirs sont bien ancrés dans sa mémoire…

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Madeleine Diedrich, épouse Liégard dite « Mado », se souvient très bien du jour où elle a été expulsée de Lorraine avec toute sa famille, son père, sa mère et ses trois frères et sœurs, avec d’autres habitants de la commune, alors qu’elle n’était âgée que de 10 ans, le 10 Novembre 1940.
Le petit village de LESSY, près de METZ était calme, et ce matin-là encore plus calme que d’habitude, avant que l’on entende les soldats allemands frapper contre les portes des maisons habitées, à l’aide des crosses des fusils mitrailleurs, pendant qu’ils vociféraient : « vous avez 5 minutes pour faire vos valises !!! »Un matin, les Allemands ont embarqué les familles qui ne voulaient pas se soumettre à l’envahisseur, les expulsés ont tout abandonné, laissant leurs biens à ceux qui avaient choisi de rester sur place.

« Nous avons été dirigés vers la place du village, où un autobus en stationnement nous attendait sous l’oeil attentif d’un soldat allemand. Une fois rempli, l’autobus démarra et prit la direction de Metz. Arrivés en gare de Metz, on nous a fait monter dans un train déjà bondé. Nous étions les uns sur les autres, mais ensemble. Le train quitta la gare et prit la direction du sud. Tout le monde essayait de savoir où nous allions, les infirmières remontaient le moral aux malades et s’occupaient des enfants. Je me souviens avoir bu un verre d’eau et mangé un bol de riz !

Le train se remit en route et arrivé à Mâcon, nous avons entendu des soldats français présents sur le quai, qui à la vue du convoi entonnèrent « la Marseillaise » avec force et amour. Tout le monde était ému et les soldats sont venus embrasser les femmes, avec une pudeur extrême. Après ce petit intermède merveilleux, le train redémarra et le soir venu, il s’est arrêté à un endroit dont j’ai oublié le nom, de nombreuses personnes sont descendu du train pour essayer de dormir un peu, allongées à même le sol. Je me souviens que l’on nous a servi un repas complet et chaud.

Quelques heures plus tard, nous voici arrivés en gare de BRAM, petit village entre Carcassonne et Castelnaudary. Nous y avons passé 2 nuits, logés dans des hangars et des greniers immenses, avec de la paille et des couvertures. Après avoir pu récupérer quelques forces et éloigner un peu la fatigue, nous sommes repartis vers une destination toujours inconnue, avec un arrêt dans chaque gare. Ce fut enfin l’arrivé en gare de TREBES, où un camion nous attendait. Ce village m’a paru plus important que Lessy…. »

Devant la Mairie, Mr Sevely et son conseil municipal ont accueilli les expulsés pour leur offrir un bon repas. Ils ont fait preuve d’une extrême gentillesse envers de pauvres gens qui avaient tout perdu, et qu’ils n’avaient jamais rencontrés.

Les familles ont ensuite été accompagnées chez l’habitant. On leur offrit le logement et du matériel de première nécessité, avec beaucoup de dévouement. La solidarité a bien fonctionné. 

« De quoi avions-nous l’air tous, avec nos petites valises ? »
Le temps d’adaptation fut assez rapide. Entre les élus et la population, les expulsés essayaient tant bien que mal de se faire une petite place dans la vie de tous les jours. Ce n’était pas toujours facile. Marcel et Roger, les frères de Mado étaient, l’un apprenti fraiseur à la SNCF, et l’autre apprenti chez Mr Deniort, le maréchal-ferrant. La soeur aînée de Mado, Marthe était sur le point de se marier. Mado fut inscrite à l’école libre où grâce à Mme Gamel, elle obtint son certificat d’études, sa confirmation et sa première communion. Puis avec Melle Claire Dapot qui s’en occupait, elle alla à la chorale, fit du dessin, de la couture, du théâtre.

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Titine, mère de Mado était mère au foyer et Charles, le père était employé comme magasinier à la caserne Laperrine à Carcassonne. Il servait de « boîte aux lettres » entre les expulsés et leurs familles. La famille de Mado avait une grande estime pour la population de Trèbes, et lorsqu’à la libération il fallut retourner vivre à Lessy, là où ils avaient tout abandonné, Trèbes leur manquait. Trèbes aura toujours été présent dans leur mémoire, malgré 5 déménagements consécutifs.

Aujourd’hui, Mado, 83 ans réside à Trèbes. Venue s’y installer définitivement il y a 25 ans, elle vit dans un petit pavillon, entourée de ses enfants, petits enfants, arrière petits enfants, neveux et nièces. Trèbes fait partie intégrante de sa vie et Mado clame haut et fort et fièrement : Oui, Trèbes est une terre d’accueil, et elle ajoute humblement : Merci encore une fois pour tout.

Mado, à tous les expulsés de Lorraine…

Trèbes Toile de Fond dans un Film de Marc Allégret de 1934

       Nous adorons échanger avec René Diédrich sur son thème de prédilection « le Trèbes d’hier ». Une discussion avec lui est presque toujours synonyme de la découverte d’une anecdote que peu de Trébéens connaissent.

Cette fois, c’est sur la piste du film «  Sans Famille »  dont des scènes ont été tournées chez nous à Trèbes avant guerre qu’il nous a lancé. Internet nous a permis d’affiner la recherche …  Après avoir éliminé la version cinématographique muette de 1926 qui relate  la fameuse histoire de Rémi d’après le roman d’Hector Malot, nous avons envisagé celle de 1934 réalisée par Marc Allégret… A ce stade de nos recherches le doute subsistait : Trèbes, pas Trèbes en toile de fond ??  Là encore la magie du web et la mise en ligne de vidéos par des passionnés nous a confirmé l’information de René…

Le film en question est en plusieurs petites vidéos d’une dizaine de minutes et nous avons fini par trouver 5 minutes d’images de Trèbes, le pont de la Rode, le Pont Vauban, le clocher… c’est avec plaisir que nous partageons cette découverte.

Encore merci à René pour sa précieuse information.

Ci-dessous  2 vidéos

Sur celle ci en fin de vidéo,  à la 9,34ème minute, vous pouvez voir le Pont de La Rode  avec tout au fond les platanes aujourd’hui abattus. 

  

Pour visualiser en plus grand format cliquez ICI

Ici jusqu’à 5,19 minutes la scène est tournée à Trèbes,  en arrière plan on reconnait le Pont Vauban, puis « l’arrivée de Rémi » semble avoir été tournée dans la virage au niveau de la distillerie. Le passage se termine par un panoramique du village.

Petit + : en suivant la prison de Carcassonne et  à 6,10 minute le pont levis à la Cité

 

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